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Regroupant 200 PME à vocation internationale, l’organisation Swiss Textiles œuvre à la compétitivité internationale du secteur suisse du textile et propose à ses membres une vaste gamme de prestations et de manifestations.

17.11.2022
Nina Bachman, Mirjam Matti Gähwiler

Le recyclage des textiles, kézako ?

Bien des aspects relatifs à la réutilisation et à la durée de vie des textiles sont intimement liés au recyclage. Nina Bachmann et Mirjam Matti Gähwiler de Swiss Textiles nous invitent à un tour d’horizon de la situation actuelle de cette branche et des difficultés qu’elle doit affronter.

Quand on parle de recyclage de textiles aujourd’hui, on ne fait souvent référence « qu’au » ramassage des vieux habits : en Suisse, quelque 36 000 tonnes sont ainsi collectées chaque année, soit une centaine de tonnes par jour (source : rapport de gestion de TEXAID). Les entreprises qui s’en chargent donnent une deuxième vie à un peu plus de la moitié de ces vêtements, vendus sur des marchés d’occasion dans le monde entier. Il s’agit donc d’une réutilisation, et non d’un recyclage. Une fois vendus, ces vêtements sont portés une ou, au mieux, plusieurs fois, puis définitivement mis au rebut. Ils finissent alors habituellement dans une décharge, plus rarement dans une usine d’incinération des ordures ménagères. Les textiles trop abîmés pour être portés sont transformés en chiffons d’essuyage, laine effilochée et matériau d’isolation. Cet autre débouché ne constitue pas une filière de recyclage à proprement parler, car il transforme des produits de qualité en matériaux de moindre valeur (c’est ce qu’on appelle le downcycling).

Le maintien des matériaux textiles dans un véritable circuit fermé, le recyclage au vrai sens du terme, c’est une tout autre histoire. Actuellement, il existe deux catégories de techniques de recyclage. Nous avons en premier lieu les traitements mécaniques qui font passer les vieux habits par les stades de défibrage puis de filage pour produire de nouveaux fils sans recours à la chimie. Dans le cas du PET, ces fils sont obtenus par broyage, granulation, fusion et filage. Les techniques mécaniques ont pour corollaire une perte de qualité inévitable selon l’utilisation future prévue : ainsi, le défibrage produit des fibres dites courtes, dont les extrémités sont, une fois transformées en fils, plus dures que les fibres dites à filaments longs, de sorte que les fils issus d’un recyclage mécanique sont très rugueux. Si cette caractéristique peut être sans importance pour des tapis ou même présenter des avantages pour leur design, elle est en revanche rédhibitoire pour la confection de chemises ou de parures de lit, si bien que la part de fils recyclés devra dans ces cas être bien plus faible que celle des fils neufs.

Plus efficace en termes de qualité du fil, le recyclage chimique présente cependant l’inconvénient d’être un peu plus complexe. Ce procédé extrait, à l’aide de produits chimiques, les composants de base des matériaux, comme de la cellulose dans le cas du coton ou des hydrocarbures dans le cas du polyester. La pureté des matériaux recyclés conditionne l’efficacité de cette technique, d’où l’importance du tri en amont. Ces derniers temps, de nouvelles approches permettent toutefois aussi de traiter des tissus mélangés et, grâce à un procédé en plusieurs phases, d’en extraire les composants les uns après les autres. Le recyclage chimique produit une pâte textile, base pour le filage de nouvelles fibres, qui sont certes (dans le cas du coton) d’une qualité inférieure à celle des fibres d’origine, mais qui satisfont tout de même à des exigences semblables et peuvent se prêter aux mêmes utilisations (comme le lyocell dans le cas des vêtements, par exemple). L’une des difficultés que rencontre le recyclage chimique réside dans la conformité aux exigences actuelles. En effet, la chimie propose un éventail infini de possibilités, dont seule une petite partie sont respectueuses de l’environnement et entrent donc dans une logique de recyclage. Nous assistons dans toute l’Europe, et aussi en Suisse, à l’éclosion d’un grand nombre de jeunes pousses désireuses d’apporter leur pierre à l’essor d’un recyclage chimique écologique. Réunir les diverses solutions proposées dans un procédé intégré dont le coût est assez bas pour faire concurrence aux matériaux neufs, tel sera le pari à relever ces prochaines années.

As-tu des suggestions ou des critiques ? Comment exprimes-tu ton style et quels habits t’accompagnent au long de la journée ? Dis-le-nous avec le hashtag #reflectyourstyle sur les réseaux sociaux – Instagram ou Facebook – ou par e-mail initiative@sts2030.ch.

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